Un ‘Livre d’amour’ exceptionnel vieux de 400 ans mis aux enchères à Bruxelles
Un noble hennuyer commanditaire d’un chansonnier pour sa bien-aimée mystérieuse
5 octobre 2018
Un “livre d’amour” unique comprenant 74 chansons d’amour en français vieux de presque 400 ans et parfaitement préservé, sera mis aux enchères la semaine prochaine à l’hôtel de vente bruxellois Arenberg Auctions. Un seigneur hennuyer follement amoureux a fait élaborer l’oeuvre en 1620, probablement pour une maîtresse. Une pièce exceptionnelle qui suscite beaucoup d’intérêt dans le monde entier. Le manuscrit ne compte pas moins de 33 (!) illustrations peintes sur vélin et très détaillées - plus du double par rapport à un exemplaire similaire conservé à la Bibliothèque Royale de Bruxelles. La valeur de ce “livre d’amour” est estimée entre 70.000 et 80.000 euros. La maison d’enchères espère que l’oeuvre pourrait rester en Belgique, tenu compte de son intérêt culturel pour le patrimoine belge.
On les trouve dans toutes les formes et de toutes les tailles, ces “livres d’amour”. Mais l’exemplaire qui vient de réapparaître à Bruxelles peut, selon les experts, être qualifié comme exceptionnel. Le manuscrit est daté de 1620 et a été particulièrement bien préservé.
L’oeuvre renferme 74 chansons d’amour en français, 17 grandes miniatures sur parchemin (une sur soie) de la taille d’une page représentant des scènes d’amour empruntées à la mythologie, et 16 représentations d’animaux dont des chevaux, des éléphants, des lions et des singes.
Avec ses 33 tableautins, l’oeuvre compte plus du double d’illustrations comparé à un exemplaire - provenant de la collection de la famille impériale russe – conservé aujourd’hui à la Bibliothèque Royale de Bruxelles. Selon les experts, le chansonnier qui sera mis aux enchères la semaine prochaine est d’une qualité supérieure.
“Le manuscrit est de qualité supérieure, non seulement par le nombre des illustrations mais aussi par le fait que les marges des pages de texte ont été richement décorées avec des guirlandes, des fleurs, des fruits et des oiseaux, le tout finement dessiné à la plume et rehaussé de couleurs. Ce qui n’est pas le cas pour la version de la Bibliothèque Royale. Raison pour laquelle l’ouvrage est également d’une grande importance pour le patrimoine culturel de notre pays. Nous observons des marques d’intérêt à l’étranger, mais nous espérons que le manuscrit pourra rester chez nous. Une question d’intérêt et de soin pour notre patrimoine. Si l’une ou l’autre institution belge pouvait en faire l’acquisition, l’ouvrage pourrait en tout cas être un objet d’étude très intéressant.”
Henri Godts, expert Arenberg Auctions
Un seigneur amoureux
Cet exceptionnel chansonnier - estimé à un montant de 70.000 à 80.000 euros – a été confié à l’hôtel de vente Arenberg Auctions par un collectionneur privé qui préfère garder l’anonymat. L’homme qui a conçu le livre à l’époque était Melchior Dassonleville, un descendant d’une riche et célèbre famille d’avocats du Hainaut. Le blason de la famille est représenté sur trois miniatures du volume.
Dassonleville a très vraisemblablement élaboré ce “livre d’amour” pour déclarer son amour à une dame dont le portrait pourrait se trouver sur une des illustrations.
“Notre manuscrit apporte un regard unique sur l’art de la miniature du 17e siècle en nos régions ainsi que sur la manière de s’exprimer en matière d’amour par des membres de la noblesse ou de la grande bourgeoisie à cette époque. Les textes traitent de l’amour sous toutes ses facettes, de la joie à l’exaltation mais aussi du chagrin et du refus. L’homme qui a commandé le livre voulait probablement faire la cour à une dame de qualité restée anonyme.”
Henri Godts, expert Arenberg Auctions
Fakirs et Hindous
En plus de ce “livre d’amour” exceptionnel, Arenberg Auctions - la plus grande maison de vente aux enchères de livres et de manuscrits du pays - proposera également plus de 1200 autres lots aux enchères ces 12 et 13 octobre. Un des lots des plus curieux consiste en une série de quatre grands volumes du début du 19e siècle, dans lesquels est dressé un tableau exotique de la vie quotidienne en Inde, à la fin du 18e et au début du 19e siècle.
Il s’agit du travail de Balthazar Solvyns (1760-1824), artiste peintre anversois qui offre une évocation très pittoresque de l’Inde en 286 grandes estampes coloriées à la main figurant des fakirs, danseurs, musiciens, tribus locales, cérémonies et marchés. L’estimation est de 7.000 à 8.000 euros.
“Il s’agit d’une édition importante et très coûteuse. Solvyns a même sacrifié la fortune familiale pour cette entreprise et il est mort dans la pauvreté. A l’époque, cet ouvrage prestigieux répondait à la curiosité des Européens pour les pays exotiques.”
Henri Godts, expert Arenberg Auctions
Catalogue disponible et exposition du 5 au 11 octobre à l’hôtel de ventes Arenberg Auctions, Rue aux Laines 19/2 à Bruxelles.