Même si ses affaires sont florissantes, un indépendant sur cinq ne parvient pas à acheter sa propre maison
17 octobre 2016
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Un indépendant sur cinq qui souhaite acquérir une habitation doit arrêter sa quête ou la réorienter parce qu’il ne peut obtenir de prêt hypothécaire.
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Ce sont surtout les starters qui en pâtissent. Même si leur apport s’élève à 20% du prêt demandé, ils se voient souvent répondre ‘non’.
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En Flandre, trois candidats sur quatre optent alors pour une habitation moins chère. Les autres arrêtent de chercher ou s’orientent vers les locations. En Wallonie, la moitié de ce groupe d’indépendants arrêtent purement et simplement leurs recherches.
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Selon Century 21 Benelux, ce problème s’intensifie alors qu’en Belgique, l’on comptait l’année dernière quelque 103 200 starters.
Si, auparavant, c’étaient surtout les jeunes et les personnes seules qui rencontraient des difficultés pour acheter un logement, il faut désormais y ajouter les indépendants. Un indépendant sur cinq qui souhaite acquérir une habitation doit hélas arrêter sa quête ou la réorienter. Même si leurs affaires sont florissantes, leur seul statut d’indépendant rend les banques très réticentes quant à l’octroi d’un prêt hypothécaire, voire les incite à le leur refuser. Le problème se pose principalement pour les jeunes indépendants et les starters. Ce sont les conclusions que tire Century 21 Benelux de l’analyse des ventes (potentielles) réalisées en 2016 dans ses 182 agences immobilières.
Cette problématique rencontrée sur le marché immobilier par les jeunes et les personnes seules est connue depuis longtemps. Mais le plus grand groupe immobilier de notre pays épingle désormais un troisième groupe touché par ce problème, qui devrait s’accroître au fil du temps. En effet, un indépendant sur cinq (20%) qui recherche une habitation et qui s’adresse à cette fin à un agent immobilier n’obtient aucun prêt hypothécaire auprès d’une banque pour l’achat de son habitation. D’après l’analyse réalisée par Century 21 Benelux, les indépendants actifs en tant que tels depuis trois ans, voire moins, ont peu de chances d’obtenir un prêt dans une banque.
La raison principale invoquée par les banques, notamment pour les starters, est que le risque couru avec un indépendant est trop grand et que, dès lors, il leur faut davantage de garanties. Mais même si ces indépendants peuvent leur présenter de bons résultats financiers ou effectuer un apport conséquent, l’achat d’un bien immobilier demeure souvent problématique pour eux.
“Les indépendants qui sont actifs depuis moins de trois ans en tant que tels ont peu de chances d’obtenir un prêt hypothécaire dans une banque. Et ceux qui sont actifs dans le secteur Horeca ou le commerce de détail rencontrent encore davantage de difficultés. Les jeunes indépendants se tournent alors vers de plus petites banques, et, lorsqu’ils finissent par obtenir un prêt, celui-ci leur est souvent accordé à un taux beaucoup plus élevé que celui appliqué en moyenne pour d’autres prêts hypothécaires.”
Isabelle Vermeir, Directrice opérationnelle chez Century 21 Benelux
Des prix moins élevés
Les indépendants flamands qui se voient refuser un prêt s’orientent, trois fois sur quatre, vers une habitation moins chère. Ils doivent ainsi emprunter moins d’argent et peuvent augmenter “leurs chances” d’obtenir un prêt. Une fois sur quatre, ils s’orientent vers le marché de la location ou renoncent tout simplement à leurs projets de déménagement. En Wallonie, la moitié des indépendants laissent tomber lorsque leur institution financière leur apprend la mauvaise nouvelle.
“Récemment, nous avons eu affaire à une jeune généraliste qui a dû repenser son projet. Elle avait pourtant un bon diplôme universitaire, et son cabinet tournait bien, mais pour les banques, elle n’avait pas encore suffisamment d’années d’expérience. Un jeune couple qui venait de se lancer dans le secteur Horeca ont eu les mêmes difficultés. Ils venaient d’acheter un stock et étaient à la recherche d’un nouveau bien, et leurs affaires tournaient bien. Avant qu’un couple dans cette situation ne puisse obtenir un prêt, il faut qu’il ait fait ses preuves pendant de nombreuses années.”
Isabelle Vermeir, Directrice opérationnelle chez Century 21 Benelux
De pire en pire
Les chiffres nous prouvent que le problème ne peut effectivement pas être écarté d’un simple coup de balai. En 2015, selon les chiffres du gouvernement fédéral, la Belgique comptait quelque 103 200 starters, soit 6,5% en plus qu’en 2014. Au cours du premier semestre de 2016, la Flandre a enregistré 7% de starters en plus qu’au cours de la même période en 2015. A Bruxelles, le nombre de starters a augmenté de 4,8% et, en Wallonie, de 3,5%.
“Nous comprenons parfaitement que les banques aient besoin de garanties et qu’elles soient prudentes. Mais nous demandons aux banques et aux pouvoirs publics de prendre conscience du problème. D’autant plus que nous avons l’impression que le problème va s’intensifier au fil des années.”
Isabelle Vermeir, Directrice opérationnelle chez Century 21 Benelux